L’infographie de la semaine : 10 neuromythes à pourfendre

Bonjour à tous ! Cette semaine, on poursuit les infographies basées sur le livre Neurolearning de Nadia Medjad, Philippe Gil et Philippe Lacroix avec 10 neuromythes à pourfendre auprès de nos apprenants.

Beaucoup de théories circulent sur internet et dans les médias sur les capacités de notre cerveau. Malheureusement, à l’heure actuelle, certaines de ces théories sont considérés par la communauté scientifique comme erronées. Nous allons voir ensemble dix d’entre elles.

Neuromythe à pourfendre n°1 : nous n’utilisons que 10% de notre cerveau

C’est un neuromythe qui est couramment relayé dans la culture populaire. On le retrouve par exemple dans le film Lucy de Luc Besson.

extrait de l'affiche du film Lucy : "On utilise en moyenne 10% de ses capacités cérébrales. Elle est à 100%"

Il y a plusieurs origines potentielles citées dans le livre Neurolearning :

  • les recherches menées sur le cerveau dans les années 1930 utilisant des appareils peu sensibles faisant apparaître des zones cérébrales « silencieuses » ;
  • l’identification de zones spécialisées dans le cerveau, ce qui pourrait induire à tort que seule une zone du cerveau fonctionne à la fois
  • l’imagerie actuelle qui ne colore que les zones à forte activité, ce qui pourrait nous mener à penser que les zones non colorées sont inactives

En réalité, nous utilisons la totalité de notre cerveau, y compris lorsque l’on dort ou que l’on est au repos, et ce en mobilisant différentes régions interconnectées des deux hémisphères.

Neuromythe à pourfendre n°2 : nous sommes cerveau droit ou cerveau gauche

Avez-vous déjà entendu parler de ces tests nous permettant de déterminer si nous sommes plutôt « cerveau droit » (orienté créativité) ou « cerveau gauche » (orienté rationalité) ?

Cette croyance vient du fait que les hémisphères du cerveau sont relativement spécialisés. En effet, pour les droitiers :

  • l’hémisphère gauche est plutôt orienté « langage »,
  • l’hémisphère droit est quand à lui plutôt orienté « vision spatiale ».

Cependant, comme cela a déjà été évoqué dans le neuromythe précédent, les deux hémisphères collaborent en permanence, la plupart des tâches nécessitant les deux parties du cerveau pour être réalisées.

Neuromythe à pourfendre n°3 : tout se joue dans la petite enfance pour apprendre

Selon ce neuromythe, si certaines choses ne sont pas apprises tôt dans l’enfance, il n’est plus possible de les apprendre à l’âge adulte.

Alors oui, le cerveau des enfants se comporte comme une éponge lorsqu’il s’agit d’apprentissage. En revanche, cela ne veut pas dire que l’on s’arrête d’apprendre passé un certain âge.

Comme le disent si bien les auteurs du livre Neurolearning :

L’homme est neurologiquement programmé pour apprendre toute sa vie, et ce jusqu’au plus grand âge.

Neuromythe à pourfendre n°4 : il existe 3 styles d’apprentissage

Là, on s’attaque à un neuromythe tenace car il est encore enseigné de nos jours. J’y ai eu le droit pendant ma formation de formateurs.

La préférence que l’on aurait pour un apprentissage visuel, auditif, ou kinesthésique ne serait due qu’aux habitudes de travail. Ces théories sont de plus en plus critiquées par la communauté scientifique.

En réalité :

  • l’homme est un être principalement visuel,
  • associer une image et une explication bénéficie à tous les apprenants,
  • plus on varie les modalités sensorielles, plus on facilite l’attention et la mémorisation chez tous les apprenants.

Neuromythe à pourfendre n°5 : écouter Mozart rend intelligent

Hélas, pour les amoureux de la musique classique, écouter ce genre de musique ne rend pas plus intelligent.

Ce neuromythe vient d’une étude publiée dans Nature, un des journaux scientifiques les plus importants en recherche. Cette étude, bien que menée avec une méthodologie rigoureuse, s’est avérée par la suite avoir produit un résultat erroné. Les résultats de cette étude sont maintenant réfutés par les scientifiques.

Alors non, écouter de la musique classique ne vous fera pas devenir plus intelligent. Par contre, il est en revanche possible qu’apprendre à en jouer soit favorable pour la cognition.

Neuromythe à pourfendre n°6 : la Brain Gym favorise l’apprentissage

La BrainGym (« Gym du cerveau ») est définie par BrainGymFrance comme : « une approche éducative qui utilise des mouvements et des activités motrices et artistiques pour développer notre potentiel. » Cette activité permettrait notamment de faciliter l’apprentissage.

Alléchant, n’est-ce pas ?

Malheureusement, cette approche est unanimement condamnée par les scientifiques.

Alors, oui, faire du sport est bon pour l’apprentissage. Malheureusement, la BrainGym ne va pas vous permettre de devenir le nouvel Einstein.

Neuromythe à pourfendre n°7 : le cerveau (des femmes/des jeunes) est multitâches

Ah, le cerveau multitâches… Quel beau spécimen que ce neuromythe là !

Non, le cerveau n’est pas fait pour faire plusieurs tâches complexes à la fois. Ce n’est pas pour rien que le téléphone est interdit au volant !

Il existe un cas dans lequel nous pouvons faire plusieurs tâches simultanément : lorsque l’une des deux tâches est complètement automatisée. C’est notamment le cas lorsque l’on marche en parlant. Mais même dans ce cas un imprévu peut venir perturber la tâche automatique.

Conclusion : faites une chose à la fois, pour pouvoir la faire bien, et ce, peu importe votre âge et votre sexe.

Neuromythe à pourfendre n°8 : hommes et femmes ont des intelligences très différentes

Alors, est-ce que les hommes sont plus doués pour l’orientation dans l’espace ? Est-ce que les femmes sont plus douées pour tout ce qui touche au langage ? Et est-ce qu’il y a un des deux sexes qui est plus intelligent que l’autre ?

Il y a bien des différences physiologiques observables entre les cerveaux des hommes et des femmes. On peut citer la taille du cerveau, ou encore les hormones sexuelles y circulant. En revanche, il n’y a, à l’heure actuelle, aucune preuve attestant que l’intelligence est affectée par ces différences.

A priori, l’intelligence des hommes et des femmes est donc similaire. On notera cependant que pour pouvoir en être certain, il faudrait déjà s’accorder sur une définition scientifique de l’intelligence, ce qui est pas encore clairement établi.

Neuromythe à pourfendre n°9 : les jeux vidéos de brain training sont efficaces

Est-ce que vous vous rappelez de ces pubs pour le programme d’entrainement cérébral du Dr. Kawashima ? Ces pubs passaient dans les années 2000, et l’on pouvait voir par exemple Nicole Kidman y jouer.

Alors, est-ce que que ces jeux sont efficaces ? Est-ce qu’ils nous rendent plus intelligents ?

Malheureusement non selon une étude publiée dans Nature. D’autres études similaires ont été menées, et ces jeux ne sont pas plus efficaces que des jeux réalisés avec un papier et un crayon.

Ces jeux vidéos nous entraînent à certaines tâches très spécifiques. Avec le temps, puisque nous nous entraînons, nous nous améliorons. Cependant, cet entraînement correspond à des tâches très particulières, et l’expérience que nous accumulons sur ces tâches est difficilement transférable à d’autres tâches. C’est la raison pour laquelle ces jeux n’améliorent pas l’intelligence en général.

Il y a cependant des pistes d’utilisation des jeux vidéos en général pour progresser sur divers points, tels que l’attention ou la cognition spatiale

Neuromythe à pourfendre n°10 : il est possible d’apprendre en dormant

On termine avec un neuromythe présent notamment dans le film Au service secret de Sa Majesté.

Affiche du film "au service de sa majesté"

Dans ce film, James Bond s’aperçoit que le cerveau de jeunes femmes est « lavé » grâce à des enregistrements diffusés pendant leur sommeil.

Cette croyance provient d’une étude menée dans les années 1950-1960. Cette étude n’a jamais pu être reproduite.

L’apprentissage, qui demande des efforts, se produit lorsque l’on est réveillé. En revanche, le sommeil a bien un effet bénéfique sur l’apprentissage, car il permet de consolider les acquis.

Pour finir : l’infographie

Avant de vous donner l’infographie résumant les 10 neuromythes à pourfendre, je voudrais ajouter une nuance sur ce qui a été abordé.

Tout ce qui a été listé dans cet article concernent les résultats actuels de la recherche dans les neurosciences. Il est tout à fait possible que dans dix ou vingt ans certains de ces neuromythes redeviennent des « neuro-vérités ». En effet, il est possible que des études futures trouvent des résultats contradictoires avec ce qui a été montré ici. Si ces résultats sont reproductibles, ils deviendront à terme des théories vérifiées, jusqu’à ce qu’une autre découverte les remettent en question. Ainsi va la science.

Merci d’avoir lu cet article ! Je vous laisse avec l’infographie, et on se retrouve la semaine prochaine pour parler de 5 clés permettant de favoriser l’implication des apprenants.

Infographie listant les 10 neuromythes à pourfendre
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